Jamais au bon moment
Il y a en moi ce sentiment lancinant : celui de ne jamais pouvoir être vraiment moi-même avec quelqu’un.
Comme si chaque fois que je m’approche un peu, je devais reculer aussitôt, par peur de trop donner, par peur d’être perçue comme trop lourde, trop envahissante.
Alors je me protège. Je parle peu. Je laisse deviner. Et quand je tends la main pour connaître l’autre, je me heurte à des silences, à des murs invisibles, qui me murmurent : “n’avance pas plus loin.”
Je me dis qu’un jour, peut-être, je rencontrerai l’homme à qui je pourrai m’ouvrir sans crainte.
Celui qui saura me regarder vraiment, et voir au-delà des sourires de façade, au-delà des petites protections que j’ai construites.
Celui qui saura reconnaître qui je suis réellement, dans mes fragilités comme dans mes forces.
J’aimerais qu’une fois dans ma vie, quelqu’un me choisisse.
Qu’il me choisisse sans que j’aie besoin de tendre des preuves, sans que j’aie à rappeler combien je vaux, combien je mérite.
J’aimerais qu’une fois, on rit avec moi sans calcul, qu’on essaie de me connaître vraiment.
J’aime l’art, la culture, la gastronomie, les voyages.
Mon travail est mon hobby, et mon véritable métier, c’est de vivre mon temps libre, de savourer chaque instant de passion.
Mais ça, peu prennent le temps de le découvrir.
Car moi, j’arrive toujours au mauvais moment.
Les gens ne sont jamais prêts pour moi.
Ils sortent d’une rupture, ils s’égarent dans leurs blessures, ils disent qu’ils ne peuvent pas gérer trop de choses à la fois.
Alors je deviens ce poids de trop, celle qui dérange, celle qu’on fait patienter dans un couloir sans fin.
On me dit : “attends”.
Mais attendre quoi ? Qu’ils guérissent ? Qu’ils se décident ? Qu’ils aient enfin la force de me voir, de m’aimer ?
Moi, j’ai déjà attendu trop de saisons, trop de promesses avortées, trop de “pas maintenant”.
Et dans cette attente, je me demande :
ne suis-je pas toujours la rencontre qui arrive trop tôt ou trop tard, jamais au bon moment ?
Un peu comme un train qui passe dans la nuit : on l’entend, on le devine, mais on ne monte pas dedans, par peur, par fatigue, par indécision.
Et pourtant… je ne rêve pas d’un miracle.
Je rêve simplement qu’un jour, quelqu’un soit prêt pour moi.
Prêt à rire, à s’ouvrir, à partager, à découvrir mes passions et à m’inviter dans les siennes.
Prêt à voir que je ne suis pas un fardeau, mais une lumière — parfois vacillante, mais toujours sincère.
Un jour peut-être, ce mauvais timing cessera.
Et ce jour-là, je n’aurai plus à attendre.
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